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maliinchallah11
13 janvier 2018

richesse ou pauvreté ?

richesse ou pauvreté ?

Seyba et Zan, deux frères, habitent les deux appartements mitoyens du nôtre dans la concession.
Leur famille consiste en deux maris avec leurs deux femmes, 6 enfants et 5 pièces rapportées, sans compter les amis de passage , comme une des belle mère, qui est la depuis bientôt un mois. Ils sont pauvres mais ne le savent pas, car leur niveau de vie est celui du malien moyen. Mais ils savent très bien que nous sommes riches. J'ai reçu récemment une déclaration d'amour d' Aminatou, 11 ans : » Jean Pierre, je t'aime beaucoup parce que tu es riche ». Je lui ai dit que ce n'était pas moi qu'elle aimait, mais l'argent, sans être convaincu d'avoir été compris.

Un matin, nous avons vu que la même Aminatou n'était pas partie à l'école, alors que tout les autres y étaient. Seyba, son père , n'avait pas les 10.000cfa (15€) pour payer la scolarité du trimestre. Comme elle est parrainée, nous avons avancé l'argent, à valoir sur le prochain parrainage. Quelques jours plus tard, rebelote, mais cette fois elle avait été renvoyée de l'école, car elle n'avait pas le nouvel uniforme récemment imposé. En fait, le tissu avait été acheté, mais il restait à le porter chez le couturier. Le lendemain, c'était chose faite, sans notre intervention. Un autre jour, la vieille, la belle mère de Seyba, qui est la depuis un mois, avait une crise violente de goutte. Il a trouvé dans sa poche les 15 000cfa pour acheter les médicaments. Il y a un mois, ses salades se vendaient bien car il avait des primeurs, et les repas s'en ressentaient. Il nous disait que quand il y avait de l'argent, ils achetaient un peu plus de poisson pour les enfants. Aujourd’hui, les salades se vendent moins bien, parce qu'il y en a trop sur le marché, et il y a moins d'acheteurs. C'est la femme de Seyba qui vend les salades au marché, celle de Zan est trop timide. Souvent elle rentre vers 21 heurs et elle ramène plus de la moitié de la salade. Lorsque Zan n'est pas là parce qu'il est à la mine,( trois semaines par mois) c'est Seyba qui gère l'argent des deux familles. Les deux femmes préparent chacune leur tour, et elles vont acheter leurs condiments tout les matins. Seyba leur donne chaque jour l'argent nécessaire. On mange principalement du riz-sauce. Le riz est acheté par l'homme, par sacs de 50kg, et est stocké à la maison. Les condiments sont les herbes, les épices, le poisson et les légumes qui servent à faire la sauce ( ils n'achètent jamais de viande, trop cher) . Comme il n'y a pas de frigidaire, rien ne se conserve plus de quelques heures, et on doit faire les courses tout les jours au marché qui est à un kilomètre de la maison. Tout les matins, au départ des enfants à l'école il donne 50cfa à quelques uns (10ct €) pour le goûter du matin.

Tout les midi, nous buvons le thé malien préparé en 30 minutes selon un cérémonial très stricte. Et à chaque fois, au début du repas, Seyba donnait 100 cfa (15ct €) à une enfant pour aller acheter le thé du jour, et le sucre à la boutique la plus proche. Il nous a expliqué qu'il ne voulait pas faire de stock à la maison, car il disparaissait mystérieusement très vite. Du coup nous gérons le stock pour tout le monde. Tout les matins nous nous achetons une baguette pour le petit déjeuner. Le soir il en reste souvent un peu ; au début on le gardait pour les cochons des sœurs ; un jour, nous en avons parlé à Seyba qui nous a demandé de lui donner, et nous avons vu une folle ruée des 10 enfants pour la distribution du pain. Ils repartaient avec , comme nos enfants seraient repartis avec les meilleurs gâteaux du monde. La construction de notre mur va occuper 4 ouvriers pendant 15 jours. Seyba s'est fait embauché et il touche 2 500 cfa ( 3,8 €) par journée de 8 heurs de travail et il est très content.

Quand ils cassent quelque chose, ce n'est pas réparé car c'est trop cher. Il y a ainsi 5 carcasses de vélos religieusement conservés et qui ne méritent que la casse . Plus grave, sa pompe pour l'eau du maraîchage, son gagne pain, est cassée. Il attend d'avoir de l'argent pour la faire réparer. En attendant, il puise l'eau dans les puits à la main. Ceci dit, il a une moto, ce qui n'est pas donné à tout le monde, et lui donne un certain rang dans la société, même si c'est son frère, qui travaille au loin dans une mine d'or, qui l'a payée.

Mais la solidarité familiale et ethnique est immense ; hier , le fils de l'ami de son père passe à la maison ; il dit à Seyba qu'il doit aller dans la journée dans un village à 50 km de la et que sa moto est vieille ; et il lui emprunte la sienne qui est neuve pour ne pas risquer la panne! C'est tout à fait normal nous dit Seyba.

Nos voisins d'en face sont encore plus pauvres que nos amis, et le chef de famille, Toumani, le sait, le dit et gémit sur son sort. Il loge dans une petite maison en terre de trois pièces qui n'est pas à lui. Dès la tombée de la nuit, le seul mode d'éclairage est le feu de bois pour la cuisine. Et sa femme et lui ont au moins 6 enfants. Il s'est auto proclamé gardien d'un champs de manguier, sans doute avec l'accord des propriétaires, et gagne un peu d'argent à la saison des mangues en les vendant. Il a payé l'école pour ses trois garçons, qui n'en ont pas profité, mais ses trois filles n'y vont pas !  

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Commentaires
C
C'est vraiment intéressant ce que vous décrivez de vos amis et voisins. C'est tellement différent de ce que nous visons ici!<br /> <br /> Bonne continuation,<br /> <br /> je vous embrasse,<br /> <br /> Chantal
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